La vache qui s’était échappée début juillet pendant son transfert vers un abattoir en Haute-Savoie a été retrouvée. Dans la nuit du 21 au 22 septembre, elle aurait été percutée par un camion alors qu’elle traversait sur une départementale à l’entrée de Bonneville, la ville abritant l’abattoir en question. Elle est morte suite à ses blessures. Le communiqué de la police est bref, on ne sait pas si l’animal à souffert, ni s’il a été euthanasié.
Pourtant, la cavale de cet audacieux bovidé a été suivie avec passion tant par les habitants des communes environnantes que par les défenseurs des animaux. Le 02 juillet dernier, quand cette vache s’est soustraite à l’attention de tous pour se faire la belle, son histoire a fait le tour du Web. Elle a mobilisé des milliers d’Internautes prêts à l’adopter pour lui éviter l’abattoir. Par exemple, la fondation Brigitte Bardot s’est positionnée pour récupérer l’animal s’il était retrouvé, afin de lui permettre de poursuivre son existence tranquillement dans un pré. Pour ce faire, elle aurait peut-être dû la racheter à son propriétaire initial (prix moyen d’un bovin 2.500 €). De leur côté, de nombreux lecteurs de la presse locale ont plaidé pour que l’on permette à cette vache de ne pas finir en steak et ont proposé leur aide pour la sauver. Seulement voilà, la cavale s’est terminée le 21 septembre sur cette fatale départementale1205.
Si l’on peut espérer que cette vache a vécu de chouettes moments de liberté en pleine nature cet été, sa fugue s’est achevée de manière moins heureuse que celle d’une ses sœurs bavaroises qui avait tenu l’Allemagne en haleine pendant trois mois l’année dernière.
Vous vous en souvenez ? Non ? Le 24 mai 2011, Yvonne – c’est le petit nom de la vache – prend la clef des champs et quitte la ferme située dans la petite commune de Zangberg, en Bavière, quelques jours avant le passage du camion qui devait l’emporter vers l’abattoir. Elle se réfugie aussitôt dans la forêt dont elle ne sort que la nuit. Les premières semaines, sa cavale amuse beaucoup grands et petits. Mais quand elle manque de provoquer un accident avec une voiture de police lors d’une de ses paisibles promenades nocturnes sur l’autoroute, elle s’attire les foudres des autorités. Elle est alors déclarée « danger public » et les chasseurs sont autorisés à la traquer. Mais Yvonne a plus d’un tour dans son sac et réussit à échapper à ses poursuivants. Pendant ce temps-là, un groupe informel de supporters se crée à travers le pays. Et le quotidien Bild va jusqu’à proposer 10.000 € de récompense à celui ou celle qui capturera et sauvera la vache. Des associations de défense animale essaient même de l’appâter avec les charmes d’un taureau de 1000 kilos répondant au doux prénom de Ernst (on est en Allemagne). Il est escorté jusqu’à la lisière de la forêt pour l’y séduire. Peine perdue, l’amour n’était pas dans le pré et Yvonne reste insensible à ses charmes… Sa sœur Waltraud qui vit dans les Ardennes et son veau Friest sont également transportés sur place par les autorités pour la pousser à sortir du bois… là aussi sans succès. Elle fait bien une apparition aux beuglements connus, mais pas suffisamment longue pour permettre aux vétérinaires de la viser avec le fusil à seringue pour l’endormir. Entre temps, une association a racheté Yvonne à son propriétaire pour 700 €. Elle ne risque donc plus l’abattoir si elle venait à être retrouvée.
Trois mois après le début de sa fugue, Yvonne a finalement été capturée dans un pré, à dix kilomètres environ de l’endroit où elle s’était échappée. Elle vit depuis dans le domaine pour animaux rescapés de Michael Aufhauser situé au Nord de l’Autriche. Elle a encore fait parler d’elle cet été car elle a été mise à contribution pour prédire les résultats des matchs de l’Euro 2012 comme l’avait fait Paul le Poulpe avant elle. Mais apparemment, vu le score du match Allemagne/Portugal sur lequel elle avait été sollicitée, Yvonne est clairement plus douée pour la cavale que pour les résultats sportifs.
En tout cas, l’enthousiasme provoqué par ces cavales de bovins me réjouit. Le fait qu’il soit encore possible de considérer une vache comme autre chose que de la viande sur pattes me semble rassurant. Merci à ces audacieuses aventurières qui donnent au public une image positive des vaches, animaux que l’on considère trop souvent et à tort comme stupides et incapables d’initiatives. Telles Yvonne, elles peuvent aussi se montrer vachement malines.