La mode des porte-clés vivants a été lancée en Chine à l’automne 2011. A la sortie des stations de métro et des gares, des vendeurs ambulants proposent des gadgets transparents totalement inédits. A l’intérieur d’une petite poche en plastique bien scellée, un animal se débat dans une eau colorée. Tortue ou salamandre, il tente de garder la tête hors de l’eau pour ne pas se noyer. Poisson, il cherche à déplier ses nageoires pour éviter les crampes. Et pour l’acheteur, ça fait de… l’animation.
Entre 60 cts et 2 € l’unité, ces cercueils de poche new-age sont vendus à la sortie des stations de métro et des gares. Pour leurs fabricants, le business model a des allures de jackpot. Quelques centimètres carrés de plastique transparent de l’épaisseur d’un sac de congélation, quelques centilitres d’eau colorée, des animaux très jeunes vendus quelques centimes au kilo… les éléments de base restent très économiques et la production ne doit pas coûter bien cher. Quant à l’équipement de fabrication, pas besoin de high-tech : un appareil chauffant à sceller le plastique suffit, pour peu que les lames aient été moulées à la forme voulue. Bref, on scelle le bas, on remplit d’eau colorée, on glisse le machin qui remue et on scelle à nouveau le tout. Il ne reste plus qu’à accrocher la chaîne de l’attache porte-clés dans le trou prévu à cet effet.
A 1€ en moyenne, le cercueil à tortue n’est pas donné pour un Chinois de base. Mais justement, le prix est suffisamment élevé pour plaire à la nombreuse classe moyenne avec un argument de vente imparable : il s’agit d’un… porte-bonheur. Porte-bonheur peut-être pour ceux qui les achètent. Porte-bonheur à coup sûr pour ceux qui les vendent. Mais certainement pas pour les animaux qui y agonisent.
Aux acheteurs qui s’inquiètent de l’appétit de leur porte-clés, les vendeurs ont la réponse : le liquide contiendrait de la nourriture et de l’oxygène concentré pour que l’animal puisse vivre au moins deux mois. Un argument qui vaut aussi pour eux qui s’émeuvent de la durabilité de leur achat. Le gadget serait beaucoup moins rigolo avec une salamandre ou une tortue en décomposition à l’ouverture du papier cadeau.
Et là encore, le business model a été bien pensé. Les scientifiques sollicités sur le phénomène sont formels. Compte tenu de l’étanchéité du support, le poisson comme le lézard ne vivront pas plus d’une semaine avant d’étouffer par manque d’oxygène. Avec une petite durée de vie, le fabricant peut donc compter sur un renouvellement aussi régulier que celui d’un bouquet de fleur.
Pour les défenseurs des animaux, cette exploitation animale cynique et scandaleuse est à dénoncer de toute urgence. Sur la toile, les pétitions se multiplient comme celles de Mes opinions ou de Conso globe pour pousser le gouvernement chinois à interdire ce commerce de l’agonie. En attendant, seul rayon de soleil : certains achèteraient les porte-clés juste pour libérer les petits prisonniers du plastique. Sans doute ceux qui ont compris qu’il y a une différence entre un être vivant et un tamagotchi.
Les tamagotchis sont des petits animaux virtuels et numériques à la mode dans les années 1990.
C’est dément. vraiment trop nul. Un petit chinois en porte clefs ,j’achète!
Sidérant ! effrayant !
C’est horrible, il faut absolument faire quelque chose contre ça, c’est d’une immense cruauté et cela ne porte absolument pas bonheur !