Qui ne s’est jamais demandé si le hamster ou le poisson rouge de l’aquarium ne s’ennuyait pas à mourir dans son univers confiné ?
Pour confirmer ce phénomène dont la majorité des humains a déjà l’intuition, la science s’y est collée. Et les résultats étaient prévisibles : oui, les animaux en captivité sans jeu, ni occupation, adoptent une attitude qui ressemble à s’y méprendre à de l’ennui. Voilà qui est maintenant établi.
Dans leurs observations, les scientifiques canadiens de l’université de Guelph ont comparé les comportements de deux groupes d’animaux. Les premiers étaient placés dans des petites cages vides. Les seconds avaient droit à de grandes cages remplies d’éléments stimulants comme des jouets, mais aussi des objets un peu inquiétants. Menées sur différentes espèces, ces comparaisons sont claires. Les animaux vivant dans des grandes cages s’intéressent à ce qui se trouve dans leur environnement. Ils sont bien éveillés et jouent. Dans les petites cages vides, les animaux restent immobiles, sans rien faire, ou dorment. Si on les distrait, leur comportement s’anime tout d’un coup de manière positive. Par la suite, ils semblent attendre des stimulations.
Bref, sans aucune activité, les animaux s’ennuient. C’est même l’un des principaux constats que font les soigneurs des zoos quand les infrastructures ne permettent pas de leur proposer des occupations stimulantes et adaptées à leur espèce. Dans la nature, ils passent le plus clair de leur journée à chercher de la nourriture, à échanger avec d’autres animaux et à se méfier des prédateurs. Ils n’ont pas le temps de s’ennuyer. Mais en captivité, leur environnement ne présente pas de danger et ils sont régulièrement nourris. Du coup, ces animaux n’ont rien à faire. Ils souffrent d’ennui et peuvent même avoir des comportements maladifs. Selon les observations des spécialistes, toutes les espèces n’ont pas le même besoin. Par exemple, les cerfs, les dromadaires ou les mouflons vivent plutôt bien l’inactivité.
Selon le Dr H Hediger, ancien directeur du jardin zoologique de Zurich, les singes qui évoluent en groupe ne souffrent pas trop non plus de cet état, les échanges entre membres du groupe leur permettant de ne pas s’ennuyer. Mais dans son ouvrage « Les animaux sauvages en captivité », le docteur Hediger constate que d’autres espèces supportent très mal de ne rien faire. « Les bêtes au tempérament plus inventif ne sont pas faits pour la paresse. Sans le stress, l’excitation engendrée par le monde sauvage, elles s’ennuient. Les ours tournent en rond, les éléphants se balancent d’une patte sur l’autre, les tigres arpentent leur plateau, les lions lèchent leurs barreaux. Comme il n’y a rien à faire, on invente quelque chose quand même, gestes idiots et inutiles pour que ce monde du rien soit un peu moins vide. » Parfois, cet ennui engendre des comportements qui ressemblent à ceux que l’on peut observer dans les hôpitaux psychiatriques. Dans tel zoo, un ours blanc saute hors de l’eau et retombe inlassablement au même endroit. Comme prisonnier d’un réflexe sans but qui ne le délivre pas d’un probable malaise. On appelle cela un stéréotype. Plus loin, c’est un éléphant qui se balance d’une patte sur l’autre comme le décrit Hediger, isolé des autres à cause d’un comportement jugé agressif. Pour lutter contre l’ennui, les soigneurs inventent des jeux et des parcours pour tirer les animaux hors de la torpeur mélancolique. A Toronto et à Milwaukee, les orangs-outans jouent avec des tablettes tactiles comme ceux du parc animalier du Smithsonian de Washington. Au jardin des plantes de Paris, les soigneurs cachent la nourriture des orangs-outans et des fauves pour qu’ils jouent à la trouver. En 2008, un zoo Suisse a recruté une équipe d’animateurs pour distraire les animaux. Et dans certains zoos, des animaux sont même traités par anti dépresseurs pour soulager leur moral.
La captivité en elle même est source d’ennui et de dépression. C’est vrai des animaux comme des hommes…Cela me rappelle une scène vue au zoo de Saint Martin du Touch (près de Toulouse) : un éléphant passait son temps à balancer sa trompe de droite à gauche sans aucune autre réaction. La détresse de cet animal était si communicative que mes enfants en ont été choqués.
Article très intéressant qui répond aux questions que l’on se pose, un plaisir de vous lire !
Merci Ludivine pour cette appréciation encourageante. Je n’ai plus tellement le temps d’animer mon blog mais mon premier livre jeunesse (8/11 ans) sur le Respect des animaux va être enfin réédité en septembre prochain. Sion nouveau titre : Le droit des animaux, àa me concerne ! aux édition Actes Sud Junior.