Depuis quelques années, les renards sont entrés dans la capitale. Ils arrivent en ville par la petite ceinture et trouvent refuge dans les cimetières et les parcs. Selon le Nouvel observatoire parisien de la biodiversité, on compterait une bonne vingtaine de renards qui sont installés intra muros. Ils adorent les espaces verts, comme le parc des Buttes-Chaumont où ils s’aménagent des terriers, mais aussi certains les bâtiments. Pour l’essentiel, ils s’aventurent la nuit et se baladent en toute discrétion dans les rues de la capitale. Pendant les épisodes neigeux de l’hiver 2010, on a même repéré leurs empreintes de pattes sur le boulevard Saint Germain.
A Paris, les renards se nourrissent de souris, de campagnols, de mulots, ainsi que des restes de repas qu’ils dégottent dans nos poubelles. Ils ne dédaignent pas non plus les gamelles de lait pour les chats que certains laissent dans les cimetières et les croquettes initialement destinées aux mêmes matous.
Contrairement à certaines idées reçues, les renards ne sont absolument pas dangereux. Leur comportement se rapproche de celui des chiens et ils sont plutôt un brin timides et peureux vis-à-vis des humains. Comme tous les animaux – et comme tous les hommes – le renard peut transmettre des maladies. Mais il n’y a pas eu de cas de rage depuis plus de quinze ans. Quelques un peuvent néanmoins être infestés d’échinococcose alvéolaire, comme les chiens et les chats. Ce parasite est dangereux pour les humains mais ne se transmet que par la salive ou les selles. En clair, pour l’attraper, il faut mettre les mains dans sa bouche après avoir caressé un goupil qui vient de se lécher. Ou manger une denrée qui a été au contact de crottes de renard (il n’est pas présent dans leurs urine) et ce, sans avoir fait cuire cet aliment avant de le manger (la cuisson détruit l’échinococcose). Bref, ce petit parasite « nuisible » est très difficile à attraper, notamment en ville.
Et s’il a permis de classer les renards dans la catégorie des animaux « nuisibles », il n’est qu’un prétexte. Car en fait, ces petits rouquins à quatre pattes se nourrissent des mêmes espèces que celles traquées par les « intellectuels » de la chasse. Et ça, c’est vraiment plus plausible pour expliquer un tel classement. En attrapant les lièvres et les perdrix dont les rois de la gâchette s’estiment propriétaires, les renards se sont mis ces messieurs-dames à dos. Et se sont vus aussi sec affublés de la mauvaise réputation qui leur colle à la peau.
Tant que les politiques se soumettront sans broncher aux diktats du lobby de la chasse (les Américains ont bien leur lobby des armuriers, direz-vous. Mais ne faut-il pas commencer par balayer devant sa porte ?), les goupils seront plus tranquilles dans les villes que dans les campagnes. A Londres, ils sont bien plus nombreux qu’à l’intérieur du périph parisien. Certains renards dits argentés, obtenus par sélection à la naissance, ont même réussi à être apprivoisés et se comportent comme de gentils chiens. Mais Il faut croire que les politiques qui cèdent aux chasseurs n’ont pas entendu parler de ces études d’éthologie… En attendant, même si on a peut de chance d’en apercevoir un, les renards parisien pourraient bien guetter avec envie les reste de nos agapes de Noël.