L’affaire a fait quelques vagues dans la blogosphère début juin. En adoptant un lionceau comme on ferait d’un jeune chiot, un riche entrepreneur de Kaboul a provoqué la colère de défenseurs des animaux. Sans être dénoncé comme le serait un tortionnaire, Mohammad Shafiq agace toutefois ceux qui préfèrent voir les lions en liberté plutôt que sur le divan du salon. Il faut dire que son geste d’adoption n’est pas vraiment un acte réfléchi. L’homme qui a fait fortune dans la construction a acheté le lionceau à un ami qui voulait le vendre. Prix : 20.000 dollars. Grand admirateurs des lions, il n’a pas résisté.
Depuis le printemps, le lionceau représente un sacré budget pour son propriétaire. Entre ses repas, son gardien salarié à plein temps et les visites du vétérinaire, Mohammad Shafiq dépense plus de 1 000 dollars par mois. On pourrait imaginer qu’il est très attaché au lionceau pour dépenser ainsi sans compter. Mais lorsque les défenseurs des animaux lui rappellent que le lion va grandir et peut devenir imprévisible et dangereux, l’homme reconnaît qu’il finira peut-être par le confier au zoo de Kaboul. Son caprice cèdera-t-il face à la réalité ?
En Asie comme au Moyen Orient, le commerce d’espèces sauvages est devenu un marché. Début juin, la police thaïlandaise a saisi 200 animaux lors d’une intervention dans une maison de Bangkok. Parmi les prises : quatorze lions blancs, ainsi que des singes destinés à être revendus comme animaux de compagnie. Déjouant les douanes avec de faux papiers pour rejoindre de prétendus zoos, ces espèces sont vendues en douce dans les animaleries à de riches particuliers. A la suite de dernière saisie, deux Thaïlandais ont été inculpés pour commerce illégal d’animaux sauvages, un délit passible de quatre ans de prison.
Dans de nombreux cas, une fois adultes, les animaux deviennent difficiles à gérer. Ils sont alors souvent confinés dans de petites cages jusqu’à leur mort ou bien revendus pour leur viande ou leur peau.
Si le lion de compagnie que l’on croise en Asie et au Moyen Orient fait perdre de sa superbe au mythique roi de la jungle, les pratiques menées en Afrique du Sud semblent bien pires. Dans ce pays, 60% des lions sont élevés dans des fermes pour être revendus à des zoos ou à des safaris privés. Il ne reste plus que 3.000 lions à l’état sauvage ; leurs congénères en captivité sont plus de 5.000. Dans des dizaines d’exploitations, l’élevage de lions sert le commerce et le tourisme. Le repas des félins est une attraction et les lionceaux peuvent être loués à des hôtels pour servir de mascotte ou de simples jouets : en Afrique du Sud en effet, on peut s’amuser avec un bébé lion et lui donner le biberon pour 300 rands (27 euros). Une pratique d’autant plus décriée qu’elle pousse à séparer très tôt les lionceaux de leur mère. En outre, pour s’assurer que les bébés soient bien dociles avec les touristes, les méthodes utilisées sont proches de celles des cirques, avec au menu du dressage : punitions et privations.
Dans ces fermes sud-africaines, certains lions adultes seront aussi vendus à des organisateurs de safaris. Ils seront alors chassés par de riches Occidentaux ou Asiatiques à la recherche de trophées faciles. Le prix : 16.000 à 20.000 euros pour un lion, quatre fois moins pour une lionne. Plus les frais annexes d’organisation, de logement et de taxidermie. Pour faciliter les basses œuvres de ces « courageux » chasseurs, les organisateurs ont leurs petits trucs. Par exemple, ils lâchent en terrain inconnu les lions qu’ils ont pris soin auparavant d’affamer. Affaiblis, habitués aux humains, les lions ne se méfient alors que peu des chasseurs qui n’ont plus qu’à mitrailler et régler leur sort en toute commodité. La fierté de ces riches et « téméraires » chasseurs est d’ailleurs un grand sujet de moquerie chez les éleveurs et les organisateurs de chasses. Ils surnomment ces opérations de massacres des « chasses en boîte ».
Quand on reproche ces pratiques aux éleveurs sud africains, ils rappellent sans peine que les Occidentaux – et notamment les Français – n’ont aucune leçon à leur donner. Les mêmes chasses se déroulent sous nos latitudes… Seulement les lions sont remplacés par des biches, des chevreuils et une multitude de faisans et autres canards, tous élevés pour l’occasion. Pour assurer la « réussite » de nos fous de la gâchette, il y aussi quelques trucs. Comme assoiffer les oiseaux pendant quelques jours avant de les relâcher près d’un point d’eau tout autour duquel les chasseurs auront été postés. Là encore, la pratique n’a vraiment rien de sportif et les animaux n’ont aucune chance de s’en tirer. Mais sur la Toile, le sort du faisan émeut moins le public que celui du lion transformé en gibier. Sans doute à cause des nombreux dessins animés de Disney qui ont mis le félin sur un trône et n’ont pas encore mis en scène la vie palpitante du faisan bourguignon. Pourtant, la maman de Bambi massacrée en Sologne…
Florence Pinaud
Et en plus..
Les lions d’élevage sud africains sont aussi très prisés sur le maché asiatique. Ils y sont revendus pour leurs os qui se négocient à prix d’or en Chine, au Vietnam et au Laos. Ces os de félins broyés sont très réputés dans les préparations de la médecine chinoise. Ils sont censé soigner différente maladie et se montrer très efficaces comme philtres d’amour.
Une savoureuse galerie photo de melty buzz sur les animaux de Disney dans la vraie vie
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