L’élevage de chiens de laboratoire italien Green Hill vient d’être provisoirement fermé pour mauvais traitements et pratiques illégales. Dans l’attente du jugement définitif prévu pour septembre, les 2.700 beagles qui s’y trouvaient ont été placés dans des associations de protection animale. Sauvés ou en sursis d’un destin qui les condamne à devenir des cobayes de l’expérimentation animale, ils attendent le résultat de la procédure judiciaire.
Depuis le printemps, cet élevage du Nord de l’Italie faisait l’objet d’une enquête de police. Après que des activistes de la protection animale aient libéré trente chiots en mai dernier, un magistrat avait décidé de s’y intéresser de plus près. Le récit des manifestants entendus sur l’intérieur de l’élevage révélait l’existence de mauvais traitements. Ces auditions ont conduit à l’ouverture d’une information judiciaire contre trois dirigeants de Green Hill.
Dans les locaux de cet élevage, les enquêteurs ont pu constater des irrégularités et des pratiques jugées barbares. D’une part, alors que tous les chiens qui naissent doivent être identifiés par puce électronique pour le suivi de leur vente comme « matériel biologique de laboratoire », 400 chiots n’étaient pas équipés. Selon les salariés entendus par la justice, l’élevage les revend en douce à des laboratoires de cosmétiques. Et ce alors que l’expérimentation de cosmétiques sur les chiens est interdite en Italie;
Plus choquant encore, une centaine de cadavres de chiots a été retrouvée dans les congélateurs de l’élevage. Atteints de petites maladies de peau et pas tout à fait conformes aux attentes des labos, ces jeunes chiens ne pouvaient plus être vendus. Ils étaient donc « supprimés ». Bref, la justice a ordonné la fermeture provisoire du site et même si l’entreprise a déposé un recours, la loi sur la protection des animaux pourrait conduire à se fermeture définitive.
Il aura fallu des bonnes volontés, mais aussi des soutiens politiques pour faire aboutir le dossier de Green Hill. En Italie, le sénateur démocrate Silvio Sircana a largement participé à cet aboutissement : «J’ai toujours été convaincu que cet élevage est un véritable camp de concentration pour chiens». Autre élément favorisant la sensibilisation des pouvoirs publics sur la cause animale.
Aujourd’hui, les 2.700 chiens beagle ont été provisoirement confiés aux associations LAV (Lega Anti Vivisezione) et Legambiente (protection de l’Environnement), Ils sont actuellement soignés pour réparer les opérations de préparation des chiens aux tests de laboratoire. Une partie d’entre eux ont les cordes vocales sectionnées, une pratique sans doute destinée à ce qu’ils ne puissent pas se plaindre en aboyant lors des séances de vivisection. D’ici l’automne, ces chiens qui n’avaient jamais connu autre chose qu’une cage en béton pourront être adoptés par des familles et vivre une vie de chien. Il est possible d’adopter un de ces beagles rescapés en demandant un formulaire d’adoption à l’adresse e-mail adozionicontrogreenhill@gmail.com
En France, le principal élevage de chiens de laboratoire est le CEDS (Centre d’élevage des souches et des ramifications) situé dans l’Yonne à l’Ouest d’Auxerre. Il est dirigé depuis plus de trente ans par Michel Carré, un ancien ingénieur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). De nombreuses associations dénoncent les conditions d’élevage de ces animaux destinés aux laboratoires. Mais notre pays semble manquer de volontés politiques pour que la justice ose pousser les portes de ce type d’établissement, au-delà des rares contrôles vétérinaires. Des contrôles dont les visites sont annoncées et donc faciles à préparer.