Un zoo dans la tête

Image issue du site du comité de liaison biterrois pour l’abolition de la corrida

Cet été encore, de nombreuses corridas auront été programmées dans différentes villes du Sud. A Nîmes, habituellement, ce sont les ados qui s’y collent pour massacrer joyeusement de jeunes taurillons sous les applaudissements du public. Elèves du centre de tauromachie, ils peuvent faire là leurs premiers pas en costume et en public. Mais cette année, la manifestation baptisée « graines de torero » aura été la dernière du genre. Il faut dire que l’an dernier, la finale de ce charmant concours programmée à Rodilhan s’est mal terminée. Mal terminée pour tous les taurillons, cela va sans dire. Mais aussi pour un groupe de manifestants anti corrida qui ont été tabassés par les adeptes et les organisateurs alors qu’ils occupaient l’arène (séquence Youtube avec une charge à partir de 2mn). Il faut dire que d’après les associations de défense animale et photo à l’appui, le concours graines de torero a plus d’une fois tourné au charcutage en public. Pas toujours bien formés, les jeunes toreros embrochent le taurillon (ou novillo) à plusieurs reprises avec leur épée et le font souffrir un bon moment avant de réussir à le tuer. Pour un adulte capable d’un minimum d’empathie animale, le spectacle est à la limite du supportable. Et pour les associations, que l’on continue d’enseigner cette forme de torture spectacle à des jeunes semble une véritable aberration.

copyright : comité de liaison biterrois pour l’abolition de la corrida

Du côté des adeptes de la corrida (dit aficionados), les arguments n’ont pas changé. La tauromachie est un art ou un sport, une tradition ancienne de combat entre l’homme et l’animal. Avec l’affrontement antique entre la lumière (ici : un torero brillant et bardé de couleurs vives) et l’obscurité (ici : un taureau noir, forcément). La guerre des étoiles ou le seigneur des anneaux ne sont pas sur d’autres schémas. Mais si la corrida a longtemps été un sport risqué, elle est aujourd’hui devenue avant tout un business. Quand le centre de tauromachie affirme que la pratique est dangereuse, on peut s’étonner du très très faible nombre d’accident impliquant des toreros blessé ou tués. Dans une corrida, l’issue est toujours connue d’avance, c’est l’homme qui gagne. Car comme dans le cyclisme, le business semble avoir pris le pas sur le sport tauromachique. Le dopage est passé par là et le côté soit disant équitable de la pratique d’origine a cédé le pas aux intérêts économiques. Pour les organisateurs de corridas, plus question de risquer la vie des toreros vedette formés à coup de milliers d’euros. Le prétendu combat contre l’animal a l’air salement truqué aujourd’hui. En guise de dopage, les organisateurs multiplient les pratiques assurant la victoire de leurs matadors. Selon les associations de défense animale, mais aussi selon des témoignages d’anciens organisateurs, elles consistent essentiellement à blesser et affaiblir l’animal avant l’arène, pour être sûr de la victoire. Au menu des réjouissances, on évoque des saignements de l’animal  avec du cirage noir pour masquer les blessures, du coton dans le naseau pour qu’il respire mal, de la vaseline dans les yeux pour qu’il voie trouble… Sans compter le traditionnel limage des cornes pour qu’elles soient moins grandes que d’habitude et qu’il ait donc du, mal à viser avec ses armes tronquées. Le comité de liaison biterrois pour l’abolition de la corrida explique en détail les différentes pratiques.

Pourtant, encore aujourd’hui, de nombreux politiques continuent à défendre les professionnels de la corrida. Alors que ce type de manifestation a été interdit en Catalogne*, les régions du Sud de la France résistent. Il faut croire que les organisateurs ont des arguments plus « musclés » que les antis et savent encore bercer les élus avec des mélopées exotiques de patrimoine culturel. Et que la perspective d’une mise à mort ne tente pas les politiciens locaux qui vont chercher des voix dans l’arène. Espérons que la nouvelle génération aura un peu mieux écouté à l’école. Et qu’elle aura donc appris que les bovins ont la même sensibilité que les hommes et compris que les torturer en public nuit gravement à l’image de l’humanité. Et après tout, dans les combats de coqsqui provoquent actuellement bien des débats, l’affrontement entre les deux parties est au moins à peu près équitable, à défaut d’être décent.

 

* La Catalogne a interdit la corrida sur son territoire en juin 2010. Mais d’après de nombreux observateurs, sous couvert de respect animal, il s’agit surtout d’une nouvelle manière arrogante de se distinguer du reste de l’Espagne.

 

ACTU
Le Conseil Constitutionnel du côté des matadors

Le Conseil Constitutionnel du côté des matadors
Le 21 septembre, le Conseil Constitutionnel vient de se ranger derrière les aficionados. Saisis par le Crac (Comité radicalement anti corrida), les dits « sages » ont montré qu’ils ne sont pas à une contradiction près. En France, la loi interdit de pratiquer la cruauté sur les animaux, mais autorise exceptionnellement la corrida dans certaines régions et les combats de coqs dans d’autres sous prétexte que c’est la tradition. Selon un sondage Ifop, 48 % des Français sont favorables à l’interdiction de la corrida contre 42 % qui souhaitent qu’elle continue d’être autorisée.

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