Un zoo dans la tête

Lorsque l’on évoque le sujet des expériences menées sur les animaux, la plupart des gens imaginent des souris, des rats ou des hamsters. Dans de rares cas, ils ont entendu parler des lapins utilisés par les industries cosmétiques pour tester leurs produits de maquillage. Et ils savent aussi qu’il existe des singes destinés à des essais cliniques et médicaux. Mais au-delà, l’opinion publique manque d’informations, voire d’imagination sur la zoologie des laboratoires… Car il faut bien le reconnaître, imaginer ce type d’activité n’a rien d’agréable ni de plaisant, à moins de cultiver une fascination sadique pour le pouvoir de faire mal. Les chercheurs eux-mêmes ont trouvé un bon moyen de se protéger de l’idée en rebaptisant ces animaux du nom de… « matériel biologique ».

Sur les quelque trois millions d’animaux de laboratoires utilisés chaque année en France, on compte plus de 70% de souris et de rats. Mais on trouve aussi des cochons, des chèvres et des singes et également des chiens et des chats. Cette année, on estime à 3.000 le nombre de chiens dont se servent les chercheurs français pour mener des expériences diverses, avec ou sans anesthésie. En France, le principal élevage de chiens de laboratoire est le CEDS (Centre d’élevage des souches et des ramifications) situé dans l’Yonne à l’Ouest d’Auxerre. Il est dirigé depuis plus de trente ans par Michel Carré, un ancien ingénieur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Il fournit à ses clients des beagles, mais aussi des golden croisés. Apparemment, aux yeux des chercheurs, le beagle est la race de chiens la plus propice aux tests d’efficacité et de sécurité des médicaments et à la mise au point de certaines techniques chirurgicales. Mais il n’est néanmoins pas beaucoup plus proche de l’organisme humain que les autres animaux : moins de 50% des résultats obtenus sur des beagles seront fiables pour l’homme. Aujourd’hui, seuls les défenseurs des animaux comme One Voice ou Protection des animaux communiquent sur cet établissement extrêmement discret. Un chien qui naît dans ce type d’élevage a peu de chance de voir un jour la lumière du soleil et la douceur d’un foyer. A moins que…

Le 28 avril dernier, des chiots beagles destinés aux expérimentations ont été libérés à Montichiari Brescia (Italie). Les manifestants réclamant la fermeture de l’élevage de chiens de laboratoire Green Hill ont réussi à s’emparer de trente chiots sur les 2.500 jeunes chiens et leurs mères vivant là. Un élevage où l’on coupe les cordes vocales d’une partie des animaux pour qu’ils ne puissent pas se plaindre de manière sonore de ce qu’on leur fait subir dans les labos. En juin 2011, le mouvement Animal Rescue, Media & Education (ARME) avait déjà libéré neuf chiens de labo avec son « Beagle freedom project ». Alors que l’intérêt du public pour le sort des animaux ne cesse de grandir, ce type d’initiative pourrait bien se multiplier.


Trente macaques sacrifiés sur l’autel de l’industrie pharmaceutique

En ce moment, une sombre affaire de tests d’un médicament sur trente macaques d’Asie qui seront tués en fin d’expérience émeut les défenseurs de la cause animale. Et amène certains chercheurs à défendre l’expérimentation animale avec des arguments pas toujours très crédibles et vérifiés. L’interview de chef du bureau expérimentation animale à l’Inserm dans Le Point et les nombreux commentaires qui l’accompagnent montrent à quel point le sujet reste délicat. Quand la Suisse reconnaît 7% des interventions douloureuses pour les animaux, on peut imaginer que la réalité puisse dépasser largement ce chiffre. Suite à l’interview publiée dans Le Point, certains commentaires de défenseurs de l’expérimentation animale, comme charly_32, laissent en effet comprendre que oui, les chercheurs voient les animaux souffrir et que ça ne les amuse pas. Et ce, contrairement aux affirmations du chef du bureau de l’Inserm selon lequel les manipulations douloureuses se font toujours sous anesthésie…


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