Un zoo dans la tête

A l’église Saint-Pierre-d'Arene à Nice

A l’église Saint-Pierre-d’Arene à Nice

Le 24 août, une cérémonie religieuse a accueilli de nombreux animaux dans la chapelle Saint Roch d’Angoulême. Sous la voûte, des chiens, des chats et d’autres mammifères sont venus se faire bénir par le père Geoffroy Laffont. Plume ou poil, l’eau bénite ne s’est pas montrée difficile. Depuis quelques années, certaines églises ouvrent leurs portes aux animaux. Constatant que leurs fidèles sont très attachés à leurs animaux de compagnie, les prêtres et autres archevêques se sont dit qu’il serait bienveillant et peut être même chrétien de ne pas exclure systématiquement les animaux de leurs églises. A Angoulême, l’excuse est toute trouvée. Le saint patron de la chapelle est celui des apothicaires et des paveurs de rue, mais aussi des animaux. Une fois par an depuis 2008, l’église lui rend hommage et accueille pour l’occasion des bêtes de toutes sortes : chats et chiens mais aussi un bouc, une jument, un lapin, une tortue et même un poisson rouge.

L’initiateur de cette ouverture des églises françaises à d’autres être que les humains est l’archevêque Dominique Philippe, qui officie dans l’église Sainte Rita du 15ème arrondissement parisien. Depuis 1997, il accueille des animaux sous la nef chaque premier dimanche de novembre. Et en quelques années, l’initiative a donné lieu à un véritable défilé. Sur le parvis sont passés des dromadaires, des zèbres ou encore des lamas. Les plus petits formats peuvent s’approcher de l’autel: tortues, poissons, lapins  furets et même un petit sanglier l’an dernier. L’archevêque progressiste, qui revendique le droit de marier des divorcés et peut-être un jour des couples homosexuels, n’a pas d’à priori sur les espèces. Il asperge d’eau bénite tous les animaux qu’on lui présente et s’amuse de voir même certains non-croyants lui amener leur animal de compagnie

Mgr Philippe à l’église Sainte Rita de Paris

préféré. On ne sait jamais…  Depuis sa première « communion des bêtes », Mgr Philippe a fait des émules à Angoulême, mais aussi l’église Saint-Pierre-d’Arene à Nice. Pourtant, le catholicisme n’a jamais été très tendre avec les animaux. Dès le Moyen-Age, il proclamait que l’homme avait été façonné à l’image de Dieu et que les animaux étaient juste des êtres à son service. On pouvait donc leur faire ce que l’on voulait sans considération morale ou éthique. La religion ne condamnait ni les mauvais traitements, ni les abus sur les animaux. Seul l’homme devait être respecté. Devant l’engouement récent des Occidentaux pour les êtres vivant qui ne sont pas des hommes, l’église s’est un peu assouplie sur la question. Sans pour autant ouvrir ses portes aux chevaux et autres batraciens, elle tolère en son sein ces pratiques originales.

Mais dans le 15ème  parisien, la petite église gothique Sainte vivra sans doute sa dernière « communion des bêtes » cette année. En effet, la communauté apostolique suisse qui la détenait a vendu le bâtiment à des promoteurs nantais qui doivent la raser pour construire des logements. La démolition de l’édifice est déjà programmée sur les portes de l’édifice situé 27, rue François-Bonvin. Pour continuer à bénir des êtres à poils et à plumes, voire, à écaille, Mgr Philippe recherche « un local à transformer en église, dans Paris ou en proche banlieue ». En attendant, il est toujours possible de le soutenir en signant cette pétition.

 

Un reportage sur les communions animales de l’église Sainte Rita sur Daily motion : http://www.dailymotion.com/video/xsygzh_a-paris-une-eglise-benit-meme-les-animaux_news

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