Un zoo dans la tête

Depuis l’automne dernier, Dino le bouledogue et Griot le chartreux peuvent créer leur profil sur le Net. Avec un réseau social 100% animaux domestiques, ils ont leur page, leur photo et leur liste d’amis. Comme sur Facebook, ils peuvent publier leur statut et devenir fan d’un autre copain ou copine qui leur a tapé dans l’œil.

Yummypets.com est le premier réseau social pour animaux domestique en français. Il a été lancé mi-novembre 2011 par la société bordelaise Octopepper. Sur la page d’accueil, on découvre les dernières photos de Lulue la tortue, de Smoking le félin pot de colle ou de Galaxie la petite chienne King Charles qui aime le poulet. Mais on peut aussi y voir les frimousses de Fry l’iguane vert qui se délecte de goyaves, celle de Kenaï le furet qui adore jouer avec des peluches ou de Roubine la jument camarguaise très timide. Bref, comme dans tous les réseaux sociaux, on se retrouve à lire les tranches de vie de parfaits inconnus – ou presque – avec lesquels on vient de faire ami-ami.Pour appréhender l’intérêt de Yummypets (« délicieux animaux de compagnie » en anglais), j’ai enrôlé mon chat et je lui ai créé un profil. La procédure est simple : quelques infos de base à fournir, quelques indiscrétions à révéler comme « son jouet préféré » ou « sa plus grosse bêtise », une photo à télécharger et zou, Gaston est entré gratuitement dans la communauté. Bien sûr, les premiers jours, il n’avait ni ami, ni fan et même pas de message, sauf un mail de bienvenue de Léo, la mascotte d’Octopepper. Puis j’ai téléchargé deux autres de ses photos pour améliorer sa visibilité. Et là, en quelques jours, l’existence virtuelle de Gaston a littéralement explosé. Des dizaines de Yummys (équivalent du « j’aime » sur Facebook), des nouveaux amis, des fans, et même des messages. Bien sûr, j’ai dû alimenter le phénomène en « yummant » d’autres photos et en devenant fan de ceux qui avaient « fané » Gaston. Mais sans y passer non plus trop de temps, son réseau a grandi. Et rapidement, j’ai réalisé ce qui m’a semblé être l’intérêt principal du phénomène : se sentir moins seul(e) dans son léger gâtisme de « mémère » ou de « pépère » à chat (aucune ironie de ma part : je fais partie du lot).

En effet, avec Yummypets, on peut raconter les dernières aventures de son hamster ou de son boa sans croiser le regard perplexe et vide d’empathie de son meilleur copain. Sur le réseau des amis des animaux domestiques, on reçoit des réactions compréhensives, on se sent soutenu lorsque son lapin est malade ou lorsque le chat a fait une escapade sans laisser d’adresse. On ne se fait pas traiter de débile quand on explique que son gecko fait la gueule et on ne se voit pas accusé d’anthropomorphisme quand on assure que son hamster est déprimé. Bref, on peut discuter rats, serpents, chevaux ou chats sans souci. A l’aide de leurs avatars à poil, à plume ou à écaille, j’imagine des dizaines de personnes un peu isolées se lancer à l’assaut du Net sans complexe et avec le positivisme animalier dont font presque toujours preuve les compagnons d’animaux domestiques. Et n’importe quel chat vous le confirmera : un humain bien dans sa peau à la maison, c’est la paix domestique assurée.

Notes : Sur Yummypets, les concepteurs recensent environ 40% de chats, 35% de chiens, 12% de rongeurs, 8% de chevaux, 2% de reptiles, ainsi que des canaris, des poissons et même des chèvres.

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