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Un nasique

Un singe nasique en Malaisie

Quand une ONG cherche des fonds pour faire avancer la cause animale, elle fait rarement figurer un singe nasique ou une taupe sur ses affiches. Pour toucher les humains et les convaincre d’ouvrir leur portefeuille, les associations font appel à des minois plus conformes à la sauce Disney : des pandas, des ours blancs, des tigres ou des éléphants. Il faut bien le reconnaître, parmi les milliers d’espèces animales, certaines sont plus conformes que d’autres aux critères esthétiques humains les plus généralement répandus. Et donc sensées êtres plus à même de susciter l’empathie de nos concitoyens et l’envie de les protéger. Leurs atouts : des caractéristiques qui rappellent les bébés comme des petits nez et des grands yeux. Mais aussi des silhouettes très utilisées dans la littérature jeunesse et les dessins animés comme Babar l’éléphant ou Winnie l’ourson.

Grandes absentes des fictions jeunesse, d’autres espèces sont franchement mal considérées. Personne ne songerait à en faire son emblème ou son animal de compagnie. On ne les voit jamais sur les

Lémurien aye-aye

Lémurien aye-aye

campagnes de protection animale et il faut explorer les pages des sites scientifiques pour en trouver des photos. Elles ne sont pourtant ni dangereuses ni de mauvaise composition. Apprivoisées et choyées elles feraient même peut-être des compagnons aussi sympas que les chiens et les chats. Mais elles ne

correspondent pas aux critères de beauté de la majorité des humains. Avec des proportions très différentes des nôtres, des nez trop grands, des yeux trop globuleux, des bouches molles et tombantes, des petites tentacules là où on ne les attend pas… elles nous font penser à des monstres plus qu’à de gentilles bestioles. Alors que rien ne justifie cet a priori. Comme les humains, les animaux au physique inattendu ou surprenant dérangent. On s’en moque ou on s’en détourne, coupables qu’ils sont de ne pas être mignons comme des peluches.

Taupe à nez étoilé

Taupe à nez étoilé

Des exemples ? Ils fourmillent : le singe nasique se fait moquer pour son large nez très long qui descend presque sous le menton. La taupe à nez étoilé provoque des grimaces de dégoût face aux petits tentacules qu’elle porte sur le museau. Quand au blobfish australien gélatineux, sa silhouette molle et blanche fait rarement des adeptes parmi les aquariophiles. Sans parler du petit singe tarsier, avec ses yeux énormes sur une tête aussi grosse que son corps, ni de l’aye aye de Madagascar, avec ses grandes oreilles et ses longs doigts.

Cette attitude parfaitement injuste de dégoût et de rejet peut s’apparenter à ce que l’on nomme le « spécisme ». Ce phénomène qui conduit les humains à privilégier leur propre espèce et à traiter les animaux de manière différente selon leur espèce, sans considération de dangerosité ou de valeurs objectives. Heureusement, pour corriger un peu cette injustice, une zoologiste s’est spécialisée dans l’étude de ces animaux bizarres et peu conformes à nos critères esthétiques. Lucy Cooke est une exploratrice multipliant les missions pour faire découvrir au monde entier ces specimens étranges et pourtant passionnants.  Car, comme elle l’explique, leurs bizarreries physiques tiennent au fait de devoir survivre dans des milieux hostiles ou particuliers. Et sur le Net, les sites étalissant des palmarès des animaux moches, photos à l’appui, sont nombreux comme MedemoiZelle, la Poule ou encore Topito. Alors, svp, ayez au moins une pensée compatissante et réconfortante pour ces oubliés des classements WWF et autres ONG de défense animale.

Le blobfish, un poisson australien très fragile et menacé de disparition.

Le blobfish, un poisson australien très fragile et menacé de disparition.

 

Florence Pinaud

 

Le concours de l’animal le plus laid du monde organisé en septembre 2013  par l’association britannique Ugly animal preservation society a couronné le blobfish cette année. Cce concours a pour objectif de sensibiliser à la protection d’animaux trop souvent oubliés à cause de leur apparence ingrate. Le Blobfish du Pacifique l’a emporté devant le Kakapo, un perroquet de Nouvelle-Zélande qui ne vole pas, l’Axolotl, une salamandre qui reste toute sa vie à l’état de larve, la grenouille du lac Titicaca et le Nasique, une espèce de singe au gros ne

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