Un zoo dans la tête

Choix du partenaire, approche, séduction, préférences amoureuses… le Palais de la Découverte, à Paris, invite ses visiteurs dans les coulisses de la sexualité des animaux. Au fil de cette exposition, les mœurs et les coutumes de centaines d’espèces vivantes bluffent le visiteur. Du célèbre bonobo jusqu’aux paons en passant par les lézards, les mouches danseuses ou les mouettes rieuses, les pratiques sexuelles exotiques sont légion. Et les spécificités comme l’inventivité des espèces laissent songeur.

Car si l’on a toujours imaginé que les animaux se choisissaient et se reproduisaient comme nous,  les méandres de cette exposition nous montrent que c’est loin d’être le cas. Pour sélectionner celui ou celle avec qui s’accoupler et  assurer la survie de l’espèce, chacun a ses stratégies de séduction. Chez les oiseaux de paradis, il faut avoir le rythme sous la plume. Les mâles deviennent chorégraphes à la saison des amours et élaborent des danses assez sophistiquées pour attirer la femelle qui leur plaît. Chez les émeus, un grand oiseau proche de l’autruche, les mâles sont choisis au poids.  Le calcul est simple : les plus lourds ont suffisamment de réserves pour nourrir la femelle le temps qu’elle couve son unique œuf. Pour déterminer l’heureux élu, ces demoiselles font donc assoir les messieurs tour à tour sur leur dos afin de les peser.

Collé à madame pendant… un bon mois !

Chez les araignées, le choix ne se fait pas sur la balance mais dans l’assiette. Les femelles se laissent approcher uniquement lorsque les mâles leur apportent des mets goûteux qu’elles s’occuperont à déguster pendant qu’ils les fécondent. Et chez les mouches danseuses, le monsieur offre un cocon à sa belle. L’acte sexuel dure le temps qu’elle met à l’ouvrir pour manger ce qu’il contient.

Autour de la mare, la séduction fait grand bruit. Les crapauds sont choisis à leur chant : les plus mélodieux sont censés être en meilleure santé. D’autres ont des stratégies moins artistiques : les tortues font basculer leur rival  sur le dos afin d’honorer leur dulcinée. Ou plus galants : les crabes transportent sur leur dos celle qu’ils ont choisie jusqu’à ce qu’elle soit prête à s’accoupler : c’est le plus sûr moyen pour éviter qu’elle aille voir ailleurs. Parce que leurs femelles sont très volages, les papillons zèbres parfument leur belle d’une odeur repoussante pour les autres mâles une fois qu’ils l’ont choisie. Les mâles hérisson ont une stratégie du même type : leur sperme se solidifie dans le sexe de leur chérie ce qui empêche la visite d’un autre prétendant. Quant au charançon, pour être sûr que les petits seront bien de lui, il reste collé à madame pendant… un bon mois !

Moeurs libertines

Dans la nature comme dans tous les foyers humains, c’est parfois madame qui décide. Chez les hyènes, les femelles dominent et choisissent leur partenaire. Quant à l’oiseau jacana, ses mœurs sont plutôt libertines : le mâle couve et s’occupe des petits pendant que madame s’autorise plusieurs nichées et fait le tour de ses nids pour voir si ces messieurs s’occupent bien de sa progéniture. Pour leur part, les lézards à queue en fouet ont définitivement réglé les inévitables conflits hommes/femmes. Les femelles peuvent donner naissance à des clones d’elles mêmes en copiant leur ADN et sans avoir besoin de personne. Un risque pour la survie de l’espèce à long terme puisque cette auto transmission des gènes complique les défenses contre les virus et multiplie les risques d’anomalies génétiques.

Mariage pour tous chez les mouettes rieuses

Enfin, un oiseau devrait ravir les actuels partisans du mariage pour tous dont je fais partie. Chez les mouettes rieuses, des mâles s’accouplent et restent en couple le temps d’une saison. Il leur arrive d’ailleurs d’adopter et de couver des œufs abandonnés, puis d’élever les oisillons sans psy et sans drame anthropologique.

Pour illustrer cette découverte un peu voyeuriste, l’exposition propose des accouplements d’animaux naturalisés. Mais aussi quelques délicieux courts-métrages d’Isabella Posselini issues de sa série Green porno sur la sexualité des animaux. Enfin, pour ménager les illusions de ceux qui croient encore être nés dans des choux, des roses ou le torchon de la cigogne, la manifestation est interdite aux moins de 10 ans.

 

 

Bêtes de sexe : la séduction dans le monde animal. Une exposition au Palais de la Découverte, à Paris, du 23 Octobre 2012 au 25 Août 2013. Entrée : 7 €.

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